Cette miniature est extraite d'un manuscrit médiéval allemand de la Bibliothèque de Munich.
Il est daté de 1400, et intitulé "das Buch des heiligen Dreifalltigkeit und Beschreibung des Heimligkeit von Verwanderung des Metallen", soit: le livre de la Sainte Trinité et la description de l'étrangeté de la Transformation des métaux.
C'est une occasion supplémentaire pour les Habitués de progresser dans l'approche de la fameuse voûte avec un éclairage différent des symboles.
La voûte étoilée est facilement repérable et elle sépare la Vierge d'un Christ curieusement crucifié sur une fleur de lys bleue.
Mais pour interpréter il est toujours important de ressentir le contexte de l'époque et de savoir si l'auteur est un initié authentique...
En préliminaire, nous pourrions dire que la période est dominée par un christianisme qui ne doit pas être provoqué et la circulation de l'enseignement mystique dans le monde profane s'appuie simplement sur la cupidité égotique des faiseurs d'or.
Sous la voûte, la vierge mère dans son croissant de lune rayonne de son mieux dans son enfermement terrestre et cela évoque la pureté et l'amour de ce que les Rosicruciens nomment l'Esprit.
Et le Christ hors de la voûte apparaît entouré de bleu, couleur aurique d'une représentation mentale. Il est hors de la matière et les alchimistes utilisent pour cela le terme de "quintessence".
Si on relie au dernier message du Bistrot, le Christ au dessus de la voûte évoque bibliquement le Golgotha ("mot qui signifie crâne") de la crucifixion.
Nous remarquons que le lys est bleu, or il n'existait pas alors de lys bleu... (C'est seulement depuis quelques années que le "lys bleu" est devenu un brevet japonais...)
En effet, le lys est plutôt blanc et en France nous le connaissons depuis l'époque mérovingienne comme symbole de la royauté dans son pacte implicite avec le christianisme: l'alliance du sabre (le pouvoir des rois) et du goupillon (le pouvoir des prêtres).
Ainsi le lys blanc est à la fois la légitimité de la pure descendance royale et la réciproque reconnaissance de la foi chrétienne.
C'est ce que certains initiés nomment parfois le "secret du crapaud", lequel ressemble à une fleur de lys et qui, comme chacun sait, dit "crois, crois", voire "croix, croix"...