Les rosicruciens n'accordent en général qu'assez peu d'intérêt aux "Centuries de Nostradamus", publiées en 1555, sans doute parce que la réputation toute faite des "Prophéties" ne touche que des profanes et que les interprétations modernes que certains auteurs tirent du texte semblent tirées par les cheveux ...
Lisons par exemple ce quatrain:
"Un empereur naistra près d'Italie
Qui a l'empire sera vendu bien cher
Diront avec quels gens il se rallie
Qu'on trouvera moins prince que boucher."
Naturellement, chacun de nous en ne lisant que "empereur", "près d'Italie" pense déjà à l'empereur Napoléon, né en Corse et se conforte dans cette impression en se satisfaisant rapidement du reste du texte en pensant à la mort de nombreux soldats qui conduit certains à juger sommairement Bonaparte comme un "boucher".
Ce serait alors un jugement de valeur et cela n'attire que peu les rosicruciens...
En fait, tout cela est très approximatif...
En effet, si la Corse a bien été vendue par la République de Gènes à la France en 1768, juste avant la naissance de Napoléon en 1769, le terme "près d'Italie", attribué à la Corse, est une pensée moderne...
Du temps de la marine à voile, il fallait parfois plusieurs jours de bateau pour rejoindre la Corse, autant depuis l'Italie que depuis la France, et la Corse a précisément été vendue parce qu'elle était trop loin de Gènes pour être gérée, si tant est qu'on puisse "gérer la Corse" de l'extérieur...
Mais pour un philologue comme Rudy Cambier, qui connait le français, l'anglais, l'allemand, le néerlandais, l'italien, l'espagnol, le latin, le grec et... le picard, l'approche des Centuries est nettement différente...
D'abord notre chercheur ne songe pas du tout à Napoléon mais à Frédéric II qui vécut au 13e siècle...
Il reconnait l'expression "il est moins prince que boucher" qui était typiquement de celles que l'on lançait à l'encontre de Frédéric II au 13e siècle.
L'empereur était justement né à Ancône "prés de l'Italie" d'alors et l'on avait précisément soupçonné sa mère d'avoir conçu l'enfant avec un "boucher"... Ça cadre!
Si l'on ajoute que les papes d'alors avaient dépensé notoirement une fortune pour acheter des voies et faire élire Frédéric II à la tête du Saint-Empire, notre ami philologue sent clairement que c'est lui qui est sur le bon chemin...
Ses conclusions sont particlièrement intéressantes: en résumé, "ce ne sont pas des prophéties, ce texte a été écrit non pas au 16e siècle mais au 14e et par un picard qui s'exprimait en roman, car certains mots ne riment qu'en prononçant le roman avec un accent picard"...
Et: "Nostradamus a publié au 16e siècle ce qu'il a prétendu être ses vers alors qu'il y a des mots flamands et picards, or l'on peut tirer de sa correspondance le fait que ce sont des langues que Nostadamus ne comprenait pas, il ne peut donc définitivement pas en être l'auteur"...
Naturellement, ce message du Bistrot ne souhaite que partager ici un exemple de l'esprit de remise en question qui doit animer les chercheurs rosicruciens dans leur quête et nous renvoyons naturellement au livre de notre ami Rudy Cambier: "l'œuvre du vieux moine, le dernier chemin des templiers" pour approfondir certaines révélations particulièrement intéressantes sur les Centuries. (22€ -Editions Louise Courteau).