S'il arrive que l'actualité ne nous rende pas particulièrement optimiste, il peut être agréable de dénicher un coin de nature de placer ses pieds nus dans l'herbe et de se laisser bercer par le chant des oiseaux...
Après tout, le langage des oiseaux ne véhicule t-il pas une écoute de la conscience cosmique?
Ne sont-ils pas des volatiles célestes?
Parfois le chant d'un oiseau est une douce inspiration et il arrive que l'un d'eux descende du ciel et par sa seule présence nous délivre un extraordinaire message...
- "Et parfois l'osagi doit prendre le temps d'écouter le chant du kakou"...
Le Senseï O-Shita était venu partager ce moment privilégié...
Il poursuivit:
- "Il est dit, chez nous, que le chant du kakou est annonciateur du printemps"...
- "Même à la fin de l'été"?
- "C'est toujours annonciateur du printemps"!
- "Ah, il ne s'agit donc pas tout à fait du printemps... Curieux oiseau que ce kakou!"
Pourtant le senseï O-Shita semblait évoquer un petit oiseau gris assez insignifiant...
- "Et si le kakou ne chante pas"?
- "Si le kakou ne chante pas, alors c'est l'épreuve de la princesse!"
- "La princesse"?
- "Oui, la princesse! Certains racontent que c'était une geisha pour colorer l'histoire à leur façon, mais c'était en réalité une princesse qui attendait le printemps pour choisir l'un des 4 princes qui lui faisaient la cour"...
- "Et les kakous ne chantaient pas"?
- "Exactement, alors elle fit placer un kakou dans une cage et elle invita les 4 princes pour leur déclarer qu'elle choisirait l'un d'eux lorsque le kakou chanterait, mais que pour l'instant le kakou était silencieux...
Le premier dit: -Satsugaïsuru."
- "Satsugaïsuru ?"
A l'expression de Senseï O-Shita, cela signifiait un acte assez définitif concernant le kakou qui n'était pas jugé à la hauteur de la situation.
- "Le second dit: -Kiouseisuru."
- "Kiouseisuru" ?
Le Senseï O-Shita, fit un geste laissant entendre que ce prince disposait d'un moyen radical pour faire chanter les kakous...
- "Le troisième dit: -Kitaïsuru."
- "Kitaïsuru?"
Le mot s'accompagnait d'un mouvement d'apaisement exprimant l'idée qu'il fallait laisser le kakou prendre son temps, et que celui-ci n'était finalement pas pressé...
- "Et le quatrième dit: -Dakosuru"
- "Dakosuru?"
Le geste consistait à caresser le kakou...
- "Et lequel choisit la princesse"?
Alors le Senseï O-Shita éclata d'un grand rire communicatif qui voulait dire que finalement c'était l'histoire de la princesse et que ses choix ne concernaient qu'elle...
- "Et l'osagi" ?
Il ne répondit pas, mais son visage serein scrutait le regard pour exprimer sans doute qu'un véritable osagi n'a plus les hésitations d'une princesse...