Voici, adapté au langage actuel, un petit texte issu de la mouvance rosicrucienne française du 17ème siècle.
En ayant l'air de critiquer tout et son contraire afin d'éviter le risque du bûcher, le texte révèle des petits détails...
""Il rode par l'Allemagne une faction secrète de fainéants, qui s'appellent fratres R. C., c'est à dire, suivant ce que tout le monde expose, les frères de la croix de roses.
Ils ont publié, un petit livret à la façon de Michel Maïer, secrétaire de la confrérie.
Ce n'est pas une invention nouvelle.
Il y a deux cent ans qu'elle était en vogue, mais elle a, l' espace de "CI" (cent un ans), fait comme l'arethuse, se cachant sous les replis des siécles pour paraître en nos jours, et nous découvrir un secret admirable...""
Le lecteur imagine donc le symbole inspirant d'une "croix de rose", l'existence de "Fratres RC", ne vous inquiétez pas, ils ne font rien, ce sont des fainéants... et puis ils ne sont pas ici, ils sont en Allemagne...
Il y a un petit livre à consulter (la Fama naturellement), Michel Maier est secrétaire de l'organisation allemande, le processus de la Rose+Croix n'est pas une création nouvelle mais une tradition existant déja par le passé et dont le fonctionnement cyclique est "Arethuse"...
Aréthuse est une nymphe, donc une divinité aquatique (mettons la "Connaissance"). Elle se baigne un jour au bord du grand fleuve Alphée (mettons la connaissance avec un petit "c"), mais la divinité du fleuve tombe amoureuse... Mais Aréthuse ne veut pas être récupérée, elle s'échappe grâce à Arthémis (la Neith grecque...) ou Diane (dans la version romaine) sous la forme d'un nuage et réapparait en Sicile où Arthémis la change en fontaine, mais Alphée la retrouve et Arethuse disparait encore pour rejaillir dans l'île d'Ortygie, toujours pour former une nouvelle fontaine d'eau douce au milieu des eaux salées...
Le texte rosicrucien précise un peu plus loin l'analogie:
""comme l'arethuse au milieu des flots de la mer, et comme la rosée dont se forment les perles dans la salure des ondes, sans participer à leur amertume."
Le tableau ci-dessus, visible au Palais des Beaux Arts de Lille est une œuvre du peintre français du 19ème siècle, Charles Alexandre Craux. Il montre Arethuse, aidée par Arthémis qui tente irrésitiblement d'échapper à Alphée...
Voici enfin le texte sous sa forme originale assez indigeste:
La secte de nos beaux esprits dogmatisans en cachettes, est semblable à la faction de ces gens qui s' appellent, la confrerie de la croix de roses. I nous apprenons du pere Jean Robert theologien de nostre compagnie, au livre qu' il a faict contre Goclenius, qu' il rode par l' Allemagne une faction secrette de feneans, qui s' appellent fratres r. C. c' est à dire, suivant l' exposition de tout le monde, les freres de la croix de roses, laquelle à ce qu' ils ont publié par un petit livret de la façon de Michel Maïerus, secretaire de confrerie, n' est pas une invention nouvelle, d' autant qu' il y a deux cens ans qu' elle estoit en vogue, mais qu' elle a l' espace de Cl ans faict comme l' arethuse, se cachant soubs les replis des siecles pour paroistre en nos jours, et nous descouvrir un secret admirable, et un grand mystere d' iniquité. à ce que je puis tirer tant des escrits du P Robert, et de la chronologie du P Gautier au Xvi siecle, comme de Goclenius et Maïerius, quoy qu' ils soient plus enigmatiques que Lycophron, je collige de leurs resveries six ou sept articles, esquels ces feneans symbolisent avec nos beaux esprits pretendus (P.F.Garasse, "La doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, ou prétendus tels : contenant plusieurs maximes pernicieuses à la religion", 1624)