C'est amusant, après le message d'hier qui évoquait la tendance de notre civilisation à fuir ses responsabilités, d'hériter précisément d'un message de Piotr Ouspensky (1878-1947) extrait des "Fragments d'un Enseignement Inconnu":
Un Homme est responsable. Une machine n'est pas responsable.
(...) L’homme est une machine. Tout ce qu’il fait, toutes ses actions, toutes ses paroles, ses pensées, ses sentiments, ses convictions, ses opinions, ses habitudes, sont les résultats des influences extérieures, des impressions extérieures.
De par lui-même un homme ne peut pas produire une seule pensée, une seule action. Tout ce qu’il dit, fait, pense, sent, tout cela arrive.
L’homme ne peut rien découvrir, il ne peut rien inventer. Tout cela arrive.
Tous ces gens que vous voyez, que vous connaissez, qu’il peut vous arriver de connaître, sont des machines, de véritables machines travaillant seulement sous la pression des influences extérieures, comme vous l’avez dit vous-même. Machines ils sont nés, et machines ils mourront.
Les hommes sont des machines, et de la part de machines on ne saurait attendre rien d’autre que des actions machinales.
Mais pour établir ce fait, pour le comprendre, pour se convaincre de sa vérité, il faut se libérer de milliers d’illusions sur l’homme, sur son être créateur, sur sa capacité d’organiser consciemment sa propre vie, et ainsi de suite.
Rien de tel n’existe. Tout arrive: les mouvements populaires, les guerres, les révolutions, les changements de gouvernement, tout cela arrive. Et cela arrive exactement de la même façon que tout arrive dans la vie de l’homme individuel.
L’homme naît, vit, meurt, construit des maisons, écrit des livres, non pas comme il le désire, mais comme cela arrive. Tout arrive. L’homme n’aime pas, ne hait pas, ne désire pas. Tout cela arrive.
Mais aucun homme ne vous croira jamais, si vous lui dites qu’il ne peut rien faire. Rien ne peut être dit aux gens de plus déplaisant et de plus offensant. C’est particulièrement déplaisant et offensant parce que c’est la vérité, et que personne ne veut connaître la vérité. (...)
Mais il est possible de cesser d’être une machine. Pour cela, il faut avant tout connaître la machine...