C'est une étrange réunion qui se produit dans cette petite loge Rama Niz de Harkin...

Les échanges se font en russe et le curieux thème abordé concerne une fleur qui réalise tous les désirs...

Les participants semblent déjà familiarisés avec le sujet qui doit faire référence à un conte slave pour enfants...

Le premier intervenant explique qu'il s'agit d'une plante dangereuse qui peut être à la fois un remède et un poison...

Un nom se dégage: аконит. Dans la loge on prononce "akanit".

Un cavalier cosaque explique: si un cheval en broute, il meurt, c'est pourquoi quand l'animal est encore jeune il faut le dégoûter de la plante en le forçant à la respirer ce qui provoque une inflammation. Quand celle-ci sera guérie, c'est sûr, il n'y touchera plus...

Un chasseur à l'arc précise que pour chasser les ours ou les loups, c'est important de frotter les flèches avec cette plante, qu'il nomme sliz tzerbera (la bave de Cerbère...) de cette manière l'animal va en enfer même si un point vital n'a pas été touché... Et il conclue: cette plante paralyse instantanément, elle rend invincible...

Un père de famille insiste sur l'idée de prévenir les enfants du danger de cette plante qui les empoisonne lorsqu'ils la touchent... Il faut leur apprendre à la reconnaître par son akonous, le cône pointu de leur klobouk (le capuchon des moines slaves) et pas en observant leur racine de navet car c'est déjà trop tard...

Le maître de loge réoriente le débat: 

- Et en quoi la fleur permet-elle de réaliser les désirs?

Un chaman met en avant sa culture: lorsqu'une personne est sous le coup d'une grave addiction, qu'elle va mourir, elle tremble, tousse, elle a des palpitations et bien une minuscule goutte peut agir mais il faut savoir la doser...

Le maître insiste enfin sur un aspect symbolique:

- Et de quelle couleur est la fleur?

Normalement, tout le monde le sait, la fleur est violette, couleur des sacerdoces... 

Mais un intervenant qui a circulé dans les Himalayas ajoute une information:

- Un moine m'a raconté qu'il en existe des noires qu'il faut cueillir la nuit lorsqu'elles deviennent brillantes...

D'une manière naturelle, un silence s'établit car chacun se rend compte qu'il y a un sens ésotérique à deviner. Sans doute, les Maîtres s'habillent de manière sombre en extérieur pour passer inaperçus dans le monde, mais leur Lumière ne se révèle que dans l'obscurité de la nuit...

Le tableau ci-dessus de Nicolas Rœrich évoque précisément une femme cherchant dans l'obscurité la fameuse fleur qui prend l'aspect d'un cratère de lumière... 

(à suivre...)