Cet homme à la grande barbe, qui est oublié de nos jours, fut une forte personnalité du 19e siècle: Alphonse Karr (1809-1880).
Il avait hérité de son père, un pianiste allemand, un humour germanique critique, direct et sans retenue qui fit son succès comme écrivain et journaliste.
Dans son entourage, révélateur de ses centres d'intérêt, nous découvrons, entre quelques amis mystiques, Victor Hugo, Balzac ou Adrien Péladan (le père du Sâr)...
Il avait débuté sa carrière comme professeur mais l'enseignement l'avait vite lassé et tentant de publier ses poèmes au Figaro, il racontait l'accueil reçu:
- C'est excellent, mais écrivez plutôt en prose...
Voici quelques unes de ses formules appréciées:
- Plus ça change, plus c'est la même chose.
- Les hommes sont d'accord sur un point: mettre la lumière sous le boisseau, mais on attend en vain que ladite lumière brûle ledit boisseau.
- Le soleil se cache... Quelles sont les horreurs qu'il refuse d'éclairer?
- Si l'on veut abolir la peine de mort, en ce cas, que messieurs les assassins commencent.
- Quand je n'avais rien à moi, j'avais les forêts et les prairies, la mer et le ciel ; depuis que j'ai acheté cette maison et ce jardin, je n'ai plus que cette maison et ce jardin. (Au passage la maison en question était à Hyeres, et il l'avait baptisée "la Maison Close").
- Vous vous plaignez des épines des rosiers mais je me réjouis que les épines aient des roses.
- Certains auditoires ne se composent pas de gens qui écoutent, mais de gens qui attendent leur tour pour parler.
- Sur la route des choses inconnues, les savants s'embourbent un peu plus loin que les autres.
- Être heureux, c'est la sagesse, rendre les autres heureux, c'est la vertu.
- Un baiser, c'est demander au deuxième étage, si le premier est libre...
Alors qu'il lançait avec peine une revue, il fit répandre le bruit qu'il était mort pour déclencher un succès commercial et il ressurgit le lendemain en déclarant avec culot:
- Oui j'étais mort, mais je vais beaucoup mieux.
- ll y a longtemps, comme bien d'autres, j'ai voulu fonder, sinon une nouvelle religion, au moins une nouvelle secte, mais pour avoir des chances de succès, il m'aurait fallu donner à mon projet la forme mystérieuse d'une franc-maçonnerie, d'une société secrète...