Le cinabre est un sulfure de mercure de formule HgS.
Nous voyons bien, sur la photo de ce cinabre, ramené de la province du Hunan (Chine), des cristaux rougeâtres enrobés par de la dolomite blanchâtre.
Ces cristaux rouges pulvérisés produisaient le vermillon.
Du fait de la rareté du cinabre, le vermillon fut produit plus économiquement par synthèse du mercure et du soufre.
C'était un petit secret des peintres de la renaissance vénitienne.
Le cinabre étant un produit très toxique: en le lavant (c'est la lévigation) on obtient un liquide rouge que certaine nommaient le "sang de dragon" qu'il vaut mieux ne pas chercher à goûter sous peine d'accéder brutalement à la "vie éternelle"...
Heureusement, de nos jours le cinabre est retiré de la vente en France, ce qui rend la tâche difficile aux alchimistes qui cherchent à s'en procurer...
Le mot cinabre est issu du grec κιννάβαριι (kinnabari), dans lequel se retrouvent κίνηση (kinésé) c'est à dire déplacer et άβαρι (abari) littéralement "privé de bride", débridé.
Ainsi un âne débridé peut s'en aller et s'échapper. C'est logiquement l'origine du latin "abire" (s'en aller, s'échapper).
Et cela boucle bien car le mot άβαρι (abari) est proche finalement du grec γαϊδούρι (yaïdori) l'âne.
Les Habitués du Bistrot seront donc sensibles à l'idée que "κιννάβαριι" (kinnabari) évoque l'idée de "laisser se déplacer tous seuls les ânes débridés"...
Chacun imaginera que les ânes connaissaient parfaitement le chemin du retour vers l'écurie sur lequel ils transportaient quotidiennement les minerais...
Et ce chemin c'est naturellement la "voie du cinabre"!