Un thuriféraire c'est celui ou celle qui encense.
Voici donc Louise Julie Blandine de La Rivière, en 1750, tenant un encensoir, peinte par Carle Van Loo, surnommé parfois "le premier peintre de l'Europe", mais qui succédera difficilement en 1762 à Jean Marc Nattier comme premier peintre du Roi.
Difficilement, car on ne succède pas si facilement à Jean Marc Nattier qui avait transcendé l'art du portrait, dans un courant raffiné et incompris qui disparaîtra avec la révolution... Nattier aurait trouvé une manière d'utiliser l'encensoir pour sublimer la jeune femme.
Ce portrait, visible au musée Bernard d'Agesci de Niort, comporte la mention "Comtesse de Luzignem" qui pourrait, presque, passer inaperçue...
Mais "Luzignem" rappelle des souvenirs aux Habitués du Bistrot...
Et pour mettre sur la piste, voici l'ex-libris que le mari de la Comtesse plaçait sur ses livres.
A coup sûr, cette fois, les Buveurs repéreront le signe...
Et oui, la femme dans le baquet laisse apparaître une queue de sirène, c'est la fée Mélusine rattachée à la famille de Lusignan.
On se souvient de Raimondin de Lusignan qui épousa une femme, laquelle se cachait une fois par semaine... Son mari ne résista pas longtemps à l'observer jusqu'au jour où il découvrit qu'elle portait un secret... une queue de sirène. Mais une fois démasquée, la fée Mélusine, car c'était elle, disparût...
Nous comprenons donc que celui qui se définit comme Comte de Lusignem ("le signe") ou parfois Comte de Lesay (celui qui "le sait") est en réalité un discret membre de la famille Lusignan qui cache un vieux secret sans doute hérité du Temple de Jérusalem...
Et effectivement il s'agit là de Philippe Hugues Anne Roland Louis, marquis de Lusignan, chevalier, comte de Lezay, (1731-1802) Maréchal des Armées du Roi.
Cette famille a participé aux croisades, un Lusignan fut Roi de Jerusalem, et certains se retrouvèrent au 18e siècle dans l'environnement mystique de Louis Claude de Saint Martin et de Jean Baptiste Willermoz.