UNE VISITE A UNE ECOLE
DE MYSTERES
Par le Dr H. Spencer Lewis
Il y a quelques jours j'eus l'occasion de traduire plusieurs , paragraphes d'écritures gravées sur une ancienne pierre qui se trouve dans une vitrine de notre Musée Egyptien à Rosicrucian Park. L'inscription hiéroglyphique de cette pierre indiquait qu'elle fut préparée comme un enregistrement éternel de certaines Ecoles de Mystères, en Egypte, il y a des siècles.
Je me demande combien de nos lecteurs et amis ont une conception juste de ces anciennes écoles. Beaucoup de livres traitant des enseignements mystiques des anciens se réfèrent à ces Ecoles de Mystères, mais habituellement ils sont si vagues. Il est toujours évident que les traducteurs des anciens manuscrits n'ont aucune connaissance des conditions qui ont entouré la préparation de ces écrits et enseignements.
Si nous pouvions visiter l'Egypte et la retrouver au XII et XIIIème siècles avant J.C. nous trouverions une grande nation de gens divisés intellectuellement, philosophiquement, et religieusement en deux classes : les vrais mystiques et les disciples de la fausse prêtrise. Nous trouverions des temples consacrés à la promulgation des fausses religions de la prêtrise, et nous verrions ces gens exercer le contrôle politique sur ce pays des mystères. Nous trouverions aussi une grande puissance, une grandeur et une richesse dans les choses matérielles et un pays plein de prospérité et de luxe. Mais à moins que nous ne soyions admis dans les fraternités mystiques par l'initiation et que par là nous puissions nous qualifier, nous ne pourrions jamais parvenir aux portes secrètes des Ecoles de Mystères, ni même rencontrer les chefs de la vraie hiérarchie d'Egypte qui préservaient la sagesse et l'héritage secret des anciennes Ecoles de Mystères.
Bien avant que la religion dite païenne, en Egypte, ne resserre nettement et extérieurement son emprise sur le peuple d'Égypte, il y avait de petits groupes dans chaque grande communauté qui se rencontraient en secret et faisaient une étude et une analyse très attentives des enseignements secrets qui leur étaient parvenus du fond des âges. Ce ne fut que lorsque l'ancêtre immédiat d'Amenhotep IV commença publiquement et officiellement à attaquer le pouvoir de la prêtrise païenne que de puissants changements et d'importantes modifications se produisirent dans la pensée et les actes de la majorité des citoyens d'Egypte.
La religion païenne était basée sur la mythologie, la superstition et des principes de vie délilérément falsifiés. Elle devint non seulement une religion artificielle, mais un moyen de contrôle politique. Une grande partie du pouvoir politique de ce pays reposait entre les mains des prêtres. Aux XIII et XIVème siècles avant J.C. in O même les pharaons étaient sous la domination des chefs secrets et inconnus de la prêtrise qui leur donnaient des ordres et faisaient exécuter leurs désirs malveillants par des émissaires qu'ils envoyaient à la cour et par des représentants dans toutes les branches du gouvernement.
Les enseignements de cette prêtrise étaient soigneusement établis de siècle en siècle pour cacher et détruire la grande sagesse qui était venue en Egypte des siècles plus tôt avec les réfugiés du continent disparu de l'Atlantide. De ce continent qui possédait une grande sagesse et où de grandes réalisations humaines avaient été accomplies, vint la connaissance des lois naturelles ou des principes secrets qui permirent à l'Egypte de s'élever du plus primitif état d'existence à une place supérieure dans le domaine des arts et des sciences.
Ce fut durant cette période d'une centaine d'années seulement, où la grande sagesse fut apportée en Egypte et joyeusement acceptée par ses souverains, que l'Egypte abandonna ses.huttes grossières et ses habitations souterraines, et créa sa magnifique architecture et construisit ses édifices, et développa son art merveilleux jusqu'à son apogée. Mais la prêtrise païenne découvrit bientôt que cette grande connaissance et cette sagesse affaiblissaient son influence sur le peuple. C'est pourquoi elle inventa et établit officiellement ses principes religieux mythologiques qui graduellement amenèrent les égyptiens à des croyances basées sur des idées superstitieuses, et détruisirent leur foi en leurs propres pouvoirs et capacités et en firent des mercenaires stupides et irréfléchis et des esclaves.
Ce fut dans le but de préserver cette sagesse secrète et ce grand héritage de connaissance et d'empêcher sa disparition complète du pays d'Egypte que certains des plus sages souverains et diplomates égyptiens furent amenés à établir les Ecoles Secrètes de Mystères.
LE SECRET DU SPHINX
Nous parlons de ces écoles comme s'il y en avait eu de nombreuses ou s'il y avait eu pluralité. En fait cependant il n'y avait qu'une école de mystères bien qu'elle ait eu un certain nombre de branches ou de lieux d'enseignement dans différentes parties d'Egypte. Mais les enseignements et les activités de cette organisation ne représentaient qu'une école. On ne lui donna aucun nom et elle n'eut aucun symbole particulier autre qu'une marque par laquelle un membre pouvait l'identifier ou se faire reconnaître lui-même comme initié. L'inscription indique que le Siège ou principal centre des écoles de mystères d'Egypte se situa d'abord dans l'ancienne ville de Philadelphie, puis à Memphis avec une branche dans un lieu appelé Mizraïm, puis plus tard encore à Thèbes et à Luxor. Finalement le dernier siège des Ecoles de Mystères fut Akhetaton la ville d'Akhnaton, sur les rives du Nil, à l'emplacement de l'ancienne ville de Tell el-Armarna.
Afin que la vie des étudiants de ces écoles de mystères, soigneusement choisis, éprouvés et préparés, puisse être protégée et afm qu'ils puissent se réunir en toute sécurité pour les cours et les études, un système très complexe d'activité secrète fut inventé et graduellement perfectionné. Il apparaît que, au début, seuls ceux qui étaient de race égyptienne, qui descendaient d'un ancêtre connu, qui étaient d'une honnêteté et d'une intégrité éprouvée, étaient admis dans l'école secrète. Et même alors, ces personnes choisies devaient montrer par leur vie et leurs activités générales qu'elles ne soutenaient pas la prêtrise ou ses enseignements, mais qu'elles avaient une autre vision et compréhension et qu'elles étaient sincères et loyales dans leur séparation de la prêtrise.
Cela doit en effet avoir été une condition pénible. Il était difficilement possible pour un égyptien d'acheter ou de se procurer un bout de terre sur lequel construire une maison, ou se livrer à une activité, occupation ou commerce, sans l'approbation et l'autorisation de la prêtrise. En fait, il était impossible pour un Egyptien d'avoir un actif matériel ou de revendiquer quelque chose s'il n'était pas membre de la religion païenne de la prêtrise.
Cette religion était organisée en cercles extérieur et intérieur, et les représentants de la prêtrise agissaient comme des espions dans chaque communauté, faisaient des rapports sur les individus qui n'assistaient pas aux services religieux, qui ne s'inclinaient pas devant le dieu païen et qui n'obéissaient pas aux lois de la prêtrise. Montrer extérieurement un doute concernant le pouvoir des dieux mythologiques, ou mettre en question l'autorité des prêtres ou de leurs enseignements, signifiait, non seulement la perte de toute possession matérielle et de tout statut politique en Egypte, mais certainement l'emprisonnement final ou la perte de la vie.
La grande majorité des citoyens d'Egypte devint graduellement esclave dans son emploi, la pauvreté devint frappante au sens matériel, et les malheureux ignorèrent même les lois fondamentales de la nature. Non seulement ceux qui avaient des biens étaient lourdement taxés pour entretenir la prêtrise dans ses dépenses compliquées pour des objets personnels et pour les temples et monuments païens, mais parfois dans les classes moyennes les possessions matérielles étaient prises comme des contributions. Cependant, il y avait des personnes qui étaient capables de se réunir au coin du feu, occasionnellement et très secrètement, et qui exprimaient confidentiellement leur mépris des règlements de la prêtrise et leur doute sur ses enseignements.
Les écoles secrètes aussi avaient leurs représentants, leurs espions et leurs enquêteurs . Quand ils trouvaient une personne sincère et digne qui avait de la répugnance à se soumettre aux diktats de la prêtrise, ils finissaient par l'amener en contact avec quelque individu qui l'observait attentivement pendant des jours et des nuits, et finalement l'introduisait près d'un autre enquêteur ou représentant de l'école de mystère.
De cette manière le chercheur sincère de la vérité et celui qui était digne d'aider à la conservation de l'ancienne sagesse et à la préservation de la connaissance secrète était amené devant un groupe de personnes appelé un tribunal, mais que nous appellerions aujourd'hui une cour d'admission. Après différents examens révélant qu'il en était digne, il lui était permis de commencer une série d'initiations pour prouver sa sincérité, son intégrité, sa persévérance. Dans ce but, les écoles de mystères avaient inventé l'épreuve par le feu, l'épreuve par l'eau et l'épreuve par l'air, telles que nous les trouvons expliquées dans les rituels d'initiation de nos plus hauts degrés d'enseignement Rosicrucien.
Ces candidats en perspective étaient conduits à un temple païen abandonné, dans un lieu écarté, dans une ville en ruines, dans l'obscurité de la nuit, et là, en la seule compagnie de quelques guides ils passaient les épreuves de l'initiation qui était donnée par les chefs des écoles de mystères. Ces initiations demandaient l'assistance nocturne des candidats pendant plusieurs semaines. Si aujourd'hui on demandait au candidat moyen qui cherche les enseignements des anciens d'accomplir les épreuves de ces initiations, il n'est pas certain qu'une personne sur cent triompherait de la première épreuve ou essaierait de subir les autres. Aujourd'hui nous avons d'autres moyens d'éprouver la sincérité d'un chercheur de vérité. Nous n'avons pas à éprouver les chercheurs pour leur loyauté ou pour leur association possible à des organisations politiques ou autres comme celle représentée aux temps anciens par la prêtrise païenne.
Aujourd'hui les Ecoles de Mystères ont leurs ennemis, mais en raison des lois des différents pays et des conditions de la vie moderne, ces ennemis de la Lumière sont plus ou moins forcés de travailler au grand jour et il est -plus facile, de découvrir ceux qui leur sont associés que ce ne l'était jadis.
LES GROTTES SOUTERRAINES
Après que les candidats aient été initiés par les épreuves, il était alors permis à ceux qui s'en étaient montrés dignes de contacter l'un des temples de mystères pour y recevoir les initiations spirituelles et philosophiques que nous connaissons aujourd'hui et que nous appelons des initiations mystiques et psychiques. La plupart de ces. initiations avaient lieu dans des grottes souterraines ou dans les parties basses des temples abandonnés. Quand la prêtrise avait abandonné l'un de ces vieux temples en raison de la construction de plus nouveaux, plus riches que ceux anciennement construits, elle avait partiellement détruit l'édifice et elle avait cru que personne ne songerait à pénétrer dans ces ruines. Les chambres secrètes en dessous de ces temples étaient scellées par d'énormes pierres placées aux entrées et le sable recouvrait toutes traces du passage y conduisant.
Pendant de nombreux siècles la prêtrise ne se douta pas que certaines de ces chambres souterraines avaient été ouvertes, que de nouveaux passages y conduisant avaient été construits sur une distance d'un kilomètre, ou plus parfois, et que dans ces chambres des groupes importants de mystiques éprouvés étaient initiés, instruits et préparés pour répandre la grande sagesse qui avait été conservée en Egypte avec tout son puissant pouvoir mystique.
Plus tard, des cérémonies mystiques eurent lieu dans l'obscurité de la nuit, devant le Sphinx, et par un passage secret les candidats entraient depuis le Sphinx et arrivaient dans une chambre souterraine au dessous du centre de la Grande Pyramide. De là ils étaient conduits par différents couloirs vers les chambres supérieures où avait lieu l'initiation.
A Heliopolis, un autre grand temple en rui- O nes avait été converti en un temple pour les écoles de mystères, et d'autres temples semblables plus petits avec des chambres secrètes se trouvaient dans différentes parties d'Egypte au temps d'Amenhotep IV, lorsqu'il devint le jeune pharaon de ce pays. Ses ancêtres pendant plusieurs générations avaient été les chefs et les maîtres des écoles de mystères et le nombre des membres de ces écoles s'était accru de manière suffisante pour avoir une force politique réelle dans le pays.
LA REVOLTE CONTRE LES
PRETRES PAIENS
Ce fut Amenhotep IV qui, en réalisant la force de l'école de mystères, et en réalisant ses propres dons divins de certains pouvoirs, décida de faire connaître cette force. Il proclama ouvertement une nouvelle religion, une nouvelle philosophie avec de nouvelles sciences et de nombreux arts pour les deux sections de l'Egypte, qui étaient sous sa direction. Par là il commença sa guerre ouverte contre les pouvoirs politiques et superstitieux des prêtres païens. Cette lutte est enregistrée dans toutes les histoires d'Egypte. Elle atteignit son point culminant lorsque Amenhotep déplaça son palais et les maisons des grands chefs mystiques, de Luxor et de Thèbes pour les établir dans le nouveau site sur les rives du Nil, là où fut construite, en quelques années, sa ville mystique du Soleil. Pendant un peu moins de vingt ans la religion du Dieu éternel devint la religion officielle de l'Egypte par sa proclamation et sous sa direction. Tous les mystiques d'Égypte sauf les diplomates secrets, se firent connaître et se rassemblèrent ouvertement. Des milliers d'entre eux se rendirent dans la nouvelle ville mystique et s'y établirent ; ils y construisirent leurs maisons et employèrent des principes scientifiques que l'Egypte n'avait encore jamais connus.
Notre organisation, celle de l'A.M.O.R.C. d'Amérique du Nord, a apporté son aide et son soutien à différentes reprises aux fouilles effectuées dans cette cité mystique. Au Musée de San Jose se trouvent des reliques provenant de de ces fouilles. La Société de recherches Egyptiennes d'Angleterre, nous a communiqué et a publié des photographies et des plans de cette ville et son interprétation des constructions creusées dans la roche. Ces plans, dessins et photographies montrent que dans cette très moderne ville du douzième siècle avant J.C., les maisons avaient des salles de bains et étaient équipées de plomberie souterraine. Il y avait desjardins d'agrément, des portiques, des bassins de natation et des gymnases. Chaque travailleur avait sa maison et son jardin et ils étaient protégés contre toute taxation abusive et intrusion. Chaque artiste et artisan était payé par le gouvernement afin qu'il puisse consacrer son temps, sans tracas, à la création de belles choses.
Cette période amena en Egypte une complète révolution dans le domaine des arts et de l'architecture, et certaines des plus belles oeuvres de sculpture, de peinture, de gravure et même de joaillerie et d'articles de ménage, furent créés à cette époque et sont iexposées dans les musées actuels. La délicatesse, le raffinement et l'interprétation des lois naturelles que nous trouvons dans certaines de ces oeuvres n'ont jamais été égalés.
Mais à cette époque on préserva aussi la grande sagesse secrète pour la postérité. Dans les manus - crits découpés dans la pierre ou inscrits sur des feuilles de papyrus, ou gravés sur les murs de la Grande Pyramide, les enseignements secrets, la connaissance préservée depuis les Atlantes, les découvertes des mystiques au cours de siècles de travail en Egypte, lés inspirations divines qui leur étaient venues du Cosmique dans leurs longues heures de méditation, furent soigneusement conservés pour les générations futures. Cette grande sagesse se transmit des maîtres et des travailleurs, aux émissaires et aux légats soigneusement préparés qui furent envoyés en Grèce, à Rome, dans l'Inde et dans d'autres pays. De là nous sont venus les enseignements actuels des Rosicruciens et d'écoles mystiques similaires dans le passé.
Songez à ces étudiants secrets qui, aux temps anciens, voyageaient à dos de chameaux, ou à pieds, sur de longues distances pour cette époque, dans la chaleur et sous les rayons du soleil, ou dans le froid et la nuit, dans les sables du désert, le long des rives du Nil, et qui traversaient les villes abandonnées pour atteindre les grottes souterraines secrètes où quelques-unes des vérités divines pouvaient leur être révélées par la voix d'un maître ou d'un instructeur ! Pensez aux sacrifices que devaient faire ces étudiants, aux risques qu'ils devaient prendre concernant leurs vies et leurs propriétés, et aux difficultés auxquelles ils devaient faire face en se réunissant dans des chambres sombres, faiblement éclairées par des torches, sans l'aide de livres, de textes imprimés, de brochures ou de papier. Songez qu'ils devaient se rappeler chaque phase et chaque parole afin de pouvoir les garder dans leur conscience et les répéter plus tard à d'autres étudiants.
Très souvent ces classes secrètes se tenaient dans des chambres souterraines qui avaient été des tombeaux et qui étaient remplies d'air impur en raison de la décomposition des momies qui étaient couchées sur le sol à leurs pieds, ou sur des rayons de pierre le long des murs, autour de la pièce. Visualisez ces étudiants qui devaient se disperser à l'aube et s'en aller calmement et secrètement pour rentrer dans leur maison, au loin. Songez aussi à la manière dont chacun d'eux essayait d'appliquer les principes qu'il avait appris et à la façon dont il devait le faire pour ne pas attirer l'attention des espions de la prêtrise qui veillaient partout. Nous avons tous, certainement, une grande dette de gratitude envers ces loyaux et sincères porte-flambeaux des anciens temps qui nous ont conservé ce qu'ils croyaient être la vérité et qui ont consacré leurs vies à la perpétuation de cette vérité.
Beaucoup de nos étudiants actuels ont l'impression d'un grand événement lorsqu'ils doivent se retirer un soir par semaine et s'asseoir confortablement dans leurs propres maisons, et bien protégés, à l'abri des espions et des ennemis lire et étudier paisiblement les leçons qui leur ont été conservées. Songez aussi à la liberté que connaît l'étudiant moderne, non seulement pour mettre en pratique les principes de vérité et les appliquer dans toutes les affaires de la vie, mais aussi pour en discuter avec d'autres et plaider en leur faveur. L'étudiant actuel peut aller dans une loge ou un chapitre à des réunions libres, sans crainte pour sa vie ou ses biens, et il peut assister aux conventions et s'asseoir au grand jour avec des milliers d'autres membres. Il est certain que les étudiants d'aujourd'hui doivent être très reconnaissants, même dans les pays où les conditions politiques semblent être contraires.
Nos écoles de mystères d'aujourd'hui ne sont ni cachées, ni mystérieuses et elles ne nous privent d'aucun des privilèges divins que la civilisation nous assure