"Ontologie" est un terme peu utilisé. Ontos, "Oντος", en grec, est le participe présent du verbe "être". C'est donc la "science de l'étant" (*). Lewis la définissait comme "la véritable science de tout être". Mais naturellement le mot science devant lequel on aurait tendance à passer sans réfléchir, est à comprendre d'une manière rosicrucienne...
En effet, si tout le monde est d'accord pour dire que le mot science vient de "scientia" qui signifie connaissance. Les matérialistes la limitent à l'univers du savoir humain, alors que les mystiques ("les étudiants des Mystères") conservent dans leur approche de la science sa dimension spirituelle.
Sous cet angle, l'ontologie rosicrucienne, devient la manière d'avancer en étudiant la relation entre matérialité et psychisme, et la "première loi de l'ontologie" se trouve "démontrée" lorsque l'étudiant a franchi la première étape: la prise de conscience de la dualité de son être...
Dans l'extrait qui suit, celui que les rosicruciens considèrent comme le Grand Maître de la Rose+Croix de Toulouse, le Comte Louis Charles-Edouard de Lapasse, présente à sa façon l'ontologie rosicrucienne. Son exercice de style est sobre et discret, il ne parle ni d'ontologie, ni de rosicrucianisme...
"L'homme peut abréger son existence par des désordre ou des passions., mais de cette puissace de destruction, il résulte nécessairement que nous devons posséder aussi une faculté de conservation, sans quoi il faudrait admettre que la volonté créatrice aurait "voulu à demi", ou n'aurait pas parachevé son travail.
L'art de fabriquer des alumettes, celui d'élever des lapins ou de tirer les cartes ont chacun leur doctrine et leur code spécial; il n'y a que celui de prolonger la vie dont nous ignorons également la théorie et la pratique.
Il est temps d'appeler l'attention des hommes studieux et intelligents sur cette lacune de la science.
Une première question se pose: a t-on exactement défini la vie?
Commençons par l'examen des faits...
Le premier qui se présente avec un caractère de certitude est la double nature de l'homme.
Nous tenons à la terre par notre corps, au ciel par la pensée.
D'un côté, un masse de matière identique, par ses éléments à celle qui compose la croûte terrestre de notre globe (**); de l'autre un principe immatériel et intelligent.
Cett identité de composition a été pour la première fois révélée à l'homme dans les livres de Moïse:
"Formavit Deus hominem de limo terrae, terra de quâ sumptus es..."
(Dieu forma l'homme du limon de la terre, terre d'où il a été tiré)
Les savantes analyses de la chimie moderne ne sont pas autre chose qu'une démonstration pour les yeux et les mains de cette vérité incontestable, qui, peut-être se rattache par une liaison mystérieuse, aux harmonies de la création et aux lois de la vie unniverselle.
L'intelligence est de par sa nature impérissable. Le sens intime nous l'apprend aussi bien que les livres saints; elle est une dans son essence, qui, suivant la belle parole de la Genèse, "est née un jour sous la puissante émanation du souffle divin":
"Inspiravit in faciem ejus spiraculum vitae, et factus est homo in animam viventem?
(il insuffla sur son visage une souffle vital et l'homme devint une âme vivante).
Mas pendant toute la durée de la vie, elle est tellement et si étroitement liée à la matière, qu'elle subit les impressions de toutes les modifications de nos organes; et aussitôt que ceux-ci, par une cause quelconque , viennent à s'arrêter dans le jeu de leur mécanisme, l'intelligence abandonne le corps, qui n'est plus désormais qu'une masse soumise à toutes les lois des affinités chimiques."
Extrait de "l'Essai sur la Conservation de la Vie"
(*) Au sujet de "l'étant"Voir aussi le message suivant.
(**)Le terme globe n'est pas un hasard... Dans la version hébraïque de la genèse (traduction Chouraki), l'homme est appelé le "glébeux", l'habitant du globe!