Approfondissons, si vous le voulez bien, la traduction du fameux "Horus-Khent-n-Maat"!
Il est important de retenir la formule de base du "Paout Neterou" ("l'origine des dieux"), issu en droite ligne de la tradition héliopolitaine et que l'on met dans la bouche d'Atoum qui deviendra l'Adam de la tradition judéo-chrétienne.
"J’étais seul, car rien n’avait été engendré; je n’avais, alors, émis de moi-même ni Shou ni Tefnout. J’évoluais... J’émis de moi-même les dieux Shou et Tefnout et après avoir été Un, je devins Trois: Ils jaillirent de moi et vinrent à l’existence sur cette terre... Shou et Tefnout engendrèrent Geb et Nout et Nout engendra Osiris, Horus-Khent-n-Maat, Seth, Isis et Nepthys d’une seule couche."
Cet "Horus-Khent-n-Maat" est généralement traduit par "Horus l'ancien", par opposition avec "Horus le fils d'Isis et d'Osiris". Généralement, on considére qu'il s'agit d'un dieu plus ancien qu'Horus le jeune, mais on passe alors à côté d'une astuce...
Naturellement, il s'agit fondamentalement du même Horus, mais la différence apporte des nuances intéressantes.
Si "n-Maat" fait référence à Maat et exprime une intention "maat", une intention pure, rectifiée, ramenée à la vérité.
Reste "Khent", qu'il faut traduire.
On lit "Kh" (les 3 jarres), "N" (l'ondulation), "T" (la miche de pain). "Khent" est déterminé par une face, ou un masque vide ou encore un visage, et son sens abstrait exprime le commencement, l'état d'avant... Le mot Khent est aussi une statue: une représentation inerte, ou trois jarres vides ou dont on ne sait ce qu'elles contiennent...
Donc une idée de "visage du commencement" qui est exprimée par 3 jarres reliées ensembles. Trois indique une forme de pluriel ou d'action (ref: triangle rosicrucien).
On voit la subtilité: la place d'Horus est prévue depuis le départ, elle attend simplement opportunité de manifestation par la naissance de l'enfant d'Isis et d'Osiris.
L'Horus ancien est donc la jarre, et l'Horus jeune ou Horus l'enfant, est le contenu subtil qui est susceptible de remplir la bouteille... Sans le remplissage de la bouteille, le culte d'Horus l'ancien reste à l'état statique ou à l'état de potentiel, c'est dommage!
Naturellement, tout cela se retrouve dans le rituel rosicrucien.
Lorsque la grande prêtresse (Isis) est en face du chapelain (Osiris), celui-ci s'exprime par la "prière du chapelain" tandis que la vestale allume la shekinah, remplissant en quelque sorte la jarre!
On appréciera, que "Khent" a donné ("khentou") c'est à dire la barque sacrée, la nacelle, le receptacle du dieu, l'arche d'alliance etc.
Naturellement la barque sacrée est donc une expression d'Horus l'ancien, qui ne sert que pour les dieux. Elle est placée dans le saint des saints, le "Naos". Et naturellement c'est la formulation "Horus Khent n Maat" qui a donné le mot de "shekinah" représentation de l'Horus du temple, l'Horus en nous qu'il convient d'activer!