Le mot compassion vient du latin "cum patior" qui signifie littéralement: "pâtir avec".
Cela donne à la compassion un sens assez aliénant de partage de la souffrance des autres.
L'important demeure la capacité de ressentir l'autre mais c'est naturellement une erreur de rabaisser son propre taux vibratoire en se plaçant au niveau de la souffrance d'autrui alors que nous n'avons qu'à capter les problématiques de cette souffrance sans tomber dans les culpabilisations injustifiées de la pitié.
L'idée de "pâtir" véhicule donc une erreur comportementale commune au français et au latin.
En grec l'équivalent du latin "cumpatior" est "sympathéia"...
Nous reconnaissons évidemment ce qui a donné en français "sympathie" et le mot "pathos" qui exprime la souffrance, la maladie et qui a produit pitié et apitoyer.
Donc, fondamentalement, ces mots sont identiques et très liés, mais transmettent une notion subtile généralement incomprise qui, selon les civilisations, peut dévier positivement en sympathie ou négativement en commisération!
Cette faculté des êtres avancés à ressentir la souffrance chez les autres est naturellement sous-estimée, voire niée ou incomprise par ceux qui n'ont pas développé cette capacité et qui constituent la majorité.
En conséquence, le sens profond de la compassion peut être ressenti mais il est incommunicable... et toute tentative pour l'exprimer serait condamnée à être déviée...
En Inde, la compassion s'exprime par le mot "karuna" et la tradition précise que sous peine de s'illusionner, le "karuna" est indissociable du "prajina", la sagesse.
Mais le concept japonais de la "sagesse-compassion" est encore plus raffiné. Celle-ci prend le nom de "Jihi".
Ce terme de "Jihi" exprime une penchant de sympathie: la compassion, bien sûr, mais aussi l'altruisme, la charité, la clémence, le pardon, la miséricorde, la mansuétude...
Mais l'utilisation du mot "Jihi" tient compte du fait que tous les concepts peuvent être déviés, aussi le "Jihi" est-il devenu "Jihi no kokoro", la "sagesse-compassion, du cœur".
Naturellement, il s'agit d'une redondance puisque la véritable "sagesse-compassion" ne peut venir que du cœur...
Mais cette redondance est une idée intelligente destinée à transmettre à chacun la possibilité et le pouvoir de revenir au concept le plus pur.
---
La gravure représente Kannon la divinité japonaise de la compassion.