Quand on verra les fils de l'agneau paître avec les fils de la Louve l'herbe des sept collines, Rome sera le bercail des nations.
Telle était la formule de la Sybille de Cuses...
A priori, chacun comprend que les fils de la Louve sont les romains, considérés comme les descendants de Romulus qui, comme son frère Remus, avait été élevé par une louve.
Chacun imagine au passage que la louve en question devait figurer une prostituée faisant payer le prix de ses services par un agneau tandis que le berger visité, expliquait à son retour que l'animal disparu avait été capturé par un loup... Tandis que la prostituée donnait naissance à Romulus et Remus puis les élevait.
Par ailleurs, il est tentant d'imaginer aussi que la talentueuse Sybille prévoyait déjà, avec quelques siècles d'avance, l'ère chrétienne, auquel cas l'agneau, "celui qui enlève le péché du monde", serait Jésus et par conséquent les chrétiens seraient les fils de l'agneau.
Venons-en à Rome au sujet de laquelles les spécialistes se partagent entre ceux qui voient l'origine dans septem montes (les sept collines) et ceux qui optent pour saepti montes (les collines cloturées) d'autant que la Sybille évoque l'idée de bergerie, un lieu où les animaux sont parqués.
Ces éléments se complètent culturellement par 2 fables d'Esope (7e siècle avant notre ère) qui ont plus tard inspiré Jean de La Fontaine:
LE LOUP ET L’AGNEAU
Un loup, voyant un agneau qui buvait à une rivière, voulut alléguer un prétexte spécieux pour le dévorer. C’est pourquoi, bien qu’il fût lui-même en amont, il l’accusa de troubler l’eau et de l’empêcher de boire. L’agneau répondit qu’il ne buvait que du bout des lèvres, et que d’ailleurs, étant à l’aval, il ne pouvait troubler l’eau à l’amont. Le loup, ayant manqué son effet, reprit : « Mais l’an passé tu as insulté mon père. — Je n’étais pas même né à cette époque, » répondit l’agneau. Alors le loup reprit : « Quelle que soit ta facilité à te justifier, je ne t’en mangerai pas moins. »
LE LOUP ET LE JEUNE AGNEAU RÉFUGIÉ DANS UN TEMPLE
Un loup poursuivait un jeune agneau. Celui-ci se réfugia dans un temple. Comme le loup l’appelait à lui et disait que le sacrificateur l’immolerait au dieu, s’il le trouvait là : « Eh bien ! répondit l’agneau, je préfère être victime du dieu que de périr par toi. »
Tous ces séduisants élèments d'interprétation peuvent toutefois nous éloigner de la pureté cosmique du message de la Sybille...