Alexandre Roëttier de Montaleau (1748-1808) fut une autre connaissance d'Armand Gaborria...
De nos jours Alexandre Roëttier de Montaleau est bien connu: le temple maçonnique de la rue Cadet à Paris porte son nom car l'homme est parvenu à cacher les archives du Grand Orient durant la tourmente révolutionnaire et il eut un rôle important dans la structuration du Rite Français.
Il semble d'ailleurs qu'en réalité ce soit lui, plutôt que Savalette de Langes qui en aurait réellement écrit les différents grades...
Il était issu d'une riche et discrète famille anversoise de graveurs médaillistes.
Le père, Jacques Roëttier de la Tour, fut orfèvre pour la cour de Russie, le Roi d'Angleterre et le Roi de France. Il avait même son appartement au Louvre...
On ne s'étonnera pas qu'Alexandre, son fils, soit graveur général des monnaies et directeur de la monnaie de Paris, qu'il ait toute la compétence pour ce qui concernait les médailles maçonniques et qu'il soit, par tradition familiale, un sympathisant discret de la franc-maçonnerie Stuart et des jacobites.
Mais il parut sensible à la cause révolutionnaire lorsqu'il fut arrêté en 1793, accusé "d'utiliser sa charge pour se livrer à des trafics douteux"... Mais l'homme était prudent et le tribunal révolutionnaire, qui ne trouva rien contre lui, le relâcha.
La pensée maçonnique moderne s'accommode bien de son rôle effacé qui refusa en 1796 le titre suprême de Grand Maître du Grand Orient, pour l'abandonner plutôt à un politique, et se contenter de rester simple vénérable.
Notons la tendance hagiographique de ce petit poème le concernant:
Comment de notre illustre frère,
Compter les actes de vertu?
Le calcul est facile à faire:
Compter les jours qu'il a vécus...
Pour ce qui nous concerne, notons qu'entre 1786 et 1788 il entretint une correspondance assidue de bibliothécaire du Grand Orient à Paris avec Armand Gaborria qui avait la même charge aux Philalèthes de Lille...
Le portrait d'en haut, qui exhibe de nombreuses médailles et décorations, fut réalisé après sa mort par François-Jean Garneray à partir du portrait ci-contre, plus discret, de Théodore Berthon, un élève de David.