"La nuit a dans sa robe un trou de clair de lune.
Bois du vin, bois du vin, c'est fortune provisoire,
Sois heureux et jouis: après nous bien des soirs,
La lune éclairera nos tombes une à une."
Beaucoup de poésie dans ce rubayat d'Omar Khayam pourrait nous laisser passer à côté d'un enseignement ésotérique très élaboré...
La nuit exprime les périodes obscures dans lesquelles le chercheur connait une certaine lassitude car il ressent le monde bien sombre et éloigné de ses aspirations.
Mais dans ces périodes difficiles privées de l'illumination solaire, il reste la lune pour nous éclairer...
Que signifie cela?
Qu'il conviendrait de polariser notre inspiration, par exemple en utilisant la possibilité offerte de se laisser imprégner par les travaux traditionnels des grands êtres par notre méditation.
Spencer Lewis appelait cela l'état de "vivant point d'interrogation", mais évidemment le "point d'interrogation" ne doit pas être l'entretien de la sombre culture du doute, mais une démarche de chercheur de la Lumière!
"Bois du vin" est donc la métaphore bistrotique de la solution...
"C'est fortune provisoire" lance une fois de plus l'idée que seule notre incarnation terrestre peut permettre de changer notre niveau de conscience, en réalisant un investissement durable, un investissement pour l'éternité!
Donc "sois heureux et jouis"... Il s'agit naturellement de la recherche de la Joie Ineffable.
"Après nous", c'est à dire après la fin de l'incarnation présente: "la lune éclairera nos tombes".
Certains verraient une allusion au "cogito mori" de Rosenkreutz: "pense que tu es mortel".
Il est vrai qu'après ce sera trop tard car, seul n'aura eu d'importance de notre vivant que le condensé de notre cheminement évolutif et de nos agissements.
"Une à une", c'est encore un clin d'œil du Grand-Maître car nous pourrions penser aux vies terrestres de chacun d'entre nous, mais un initié a eu l'occasion de prendre conscience de la succession de ses incarnations...