C'est toujours fascinant d'étudier la naissance et la fin d'un égrégore...
Par exemple, au début du 19e siècle les catacombes romaines révélèrent le tombeau antique d'une adolescente au crane fracturé.
Une inscription voisine "Filomena" suggérait que son nom était Philomène.
En réalité l'inscription était "Filomena Theou" mais il n'y avait pas alors un Habitué du Bistrot pour traduire par "aimée de dieu".
Une religieuse visionnaire révéla que Philomène était une princesse grecque martyrisée à l'âge de 13 ans, sous Dioclétien et un chanoine inspiré rédigea la version officielle de "Sainte Philomène":
"Fille du roi de Grèce, elle fit vœu de chasteté à l'âge de 11 ans mais l'empereur Dioclétien la convoitait. Comme elle se refusait à lui, elle fut flagellée puis attachée à une ancre et jetée dans le Tibre...
Les anges qui veillaient la remontèrent, mais pas suffisamment haut puisque les soldats de Diocletien la criblèrent de flèches pour finalement la décapiter..."
Au 19e siècle le buzz de la nouvelle sainte anima quelques églises, chapelles et vitraux comme celui-ci à Montpeyroux (Puy de Dôme).
Toujours est-il que le curé d'Ars (Jean-Marie Vianney, 1786-1859), le fameux confesseur, ne manqua pas de récupérer le filon:
- "Ne craignez pas de vous confesser... Je suis moi-même bien plus coupable que vous,... Les péchés que nous cachons ressortent toujours... Dans tous les cas, invoquez Sainte Philomène!"
Le curé s'appropriait la sainte au point que le Pape Pie X finit par avouer en 1907:
- "Sainte Philomène, c’est le curé d’Ars"!
Bref en 1961 la sainte disparut du calendrier.